Oradour Sur Glane – 10 juin 1944

La visite en avril de jeunes Alsaciens de l’organisation “Pélerinage Tambow” à Oradour-sur-Glane était chargée de symboles. C’était en effet la première fois depuis le massacre qu’une délégation alsacienne était reçue à titre officiel. Une visite importante qui marquait un pas de plus dans la “réconciliation” entre l’Alsace et le village martyr. Des deux côtés, on espérait ne pas en rester là.

Deux mois après, l’histoire de cette réconciliation va connaître une nouvelle étape importante avec la venue du maire de Strasbourg, Roland Ries, mercredi 10 juin à l’occasionde cérémonies commémoratives du 54ème anniversaire du massacre du 10 juin 1944 qui avait fait 642 victimes. “Après la visite des jeunes, il fallait qu’il y ait une suite. Le maire de Strasbourg a souhaité relayer cette initiative et m’a demandé quand il pourrait venir à Oradour”, explique Raymond Frugier, le maire de la commune Limousine. Les deux hommes se connaissent déjà. Ils sont rencontrés lorsque Raymond Frugier s’est rendu à Strasbourg pour participer à l’émission “Opinion publique” sur France 3. “Je me suis rendu compte à quel pointce sujet était sensible en Alsace”, souligne le maire d’Oradour. Après cette émission, il a d’ailleurs reçu plusieurs centaines de lettres et bon nombre de coups de téléphone d’Alsaciens qui mettaient en avant la nécessité de cette réconciliation.

Un édito

Preuve de l’importance que Roland Ries accorde à cette visite, il lui consacre l’éditorial du dernier numéro du journal municipal de Strasbourg sous le titre “Oradour”.

“Les Alsaciens, comme les Limousins, ont beaucoup souffert dans cette période terrible. Mais, à l’heure où l’Europe dessine un avenir de paix, propose une vie commune pour demain qui soit autre chose que la continuation des guerres fraticides, notre histoire, que nous devons regarder en face, doit contribuer à construire notre avenir commun”, écrit-il.

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“Chabatz d’entrar”

Du côté de l’Association nationale des familles des martyrs d’Oradour, cette visite, tout comme celle des jeunes en avril, est une bonne chose. “On ne peut pas continuer la guerre de cent ans”., explique Marcel Darthout, qui ajoute aussitôt: “Nous nous devons de les recevoir, il n’est cependant pas question d’oublier; les faits existent, on ne peut pas les changer.”

Sans oublier le passé, Marcel Darthout estime que 54 ans d’incompréhension entre Oradour et l’Alsace, cela représente une période bien trop longue. Déjà, en 94, lors des cérémonies du 50ème anniversaire, l’association et la municipalité avaient lancé des invitations à tous les enfants d’Europe. De Strasbourg, il n’y avait pas eu de réponses. “Notre lettre se serait perdue”, note le président.

Mais aujourd’hui, l’heure n’est plus aux polémiques. La venue de Roland Ries est une nouvelle occasion de mettre un terme à des années d’incompréhension entre l’Alsace et Oradour. Et comme le dit si bien Marcel Darthout, “les personnes qui veulent s’incliner sur le tombeau des martyrs, nous ne pouvons pas leur dire de rester à la porte, l’expression Limousine n’est-elle pas “chabatz d’entrar” ?”.

Caroline FRESSYNGE, le Populaire du centre 9 juin 1998.    [ RETOUR ]

Une association d’anciens combattants hostile “à la génuflexion”

Le communiqué est signé de l’Association des anciens du CE FEO-Combattants de la Résistance et d’outre-mer, avec en exergue une citation du “Colonel Bastien-Thiry” (*). Présidée par un habitant de Strasbourg, l’association dénonce le déplacement du maire de la capitale alsacienne à Oradour-sur-Glane, le qualifiant de “génuflexion”.

“Le maire de Strasbourg se rend à Oradour pour ainsi dire en pénitent”, écrit l’association qui estime qu’“une dizaine d’individus – au surplus enrôlés de force – ne sont aucunement la personnification d’une région, et les autorités n’ont pas à s’engager en tant que telles (…) le maire de Strasbourg n’étant pas au surplus “l’Autorité” en Alsace”.

“Oui, Oradour fut un drame, poursuit le communiqué. Mais s’il est un exemple tragique des retombées de la force des choses du moment, il n’est pas le drame de l’Alsace, encore moins son histoire”.

(*) Auteur de l’attentat du Petit-Clamart en août 1962 contre le général de Gaulle, le lieutenant-colonel Jean-Marie Bastien-Thiry a été condamné à mort et éxécuté pour cet acte.

le Populaire du centre 9 juin 1998.    [ RETOUR ]

Oradour et l’Alsace: soutien du président de région, Adrien Zeller

Mercredi, jour de la commémoration du massacre d’Oradour-sur-Glane, qui a été marquée par la visite du maire de Strasbourg (voir nos éditions précédentes), le président du Conseil Régional d’Alsace a tenu à apporter son soutien à cette manisfestation.

Le matin, il a adressé un fax au maire d’Oradour pour lui indiquer “qu’il était, comme l’Alsace toute entière, pleinement à ses côtés, en pensée, en ce jour anniversaire si cruel, d’un des drames les plus poignants de ce siècle”.

Et Adrien Zeller de poursuivre: “Je mesure toute l’intensité de ce moment de recueillement devant le martyr subi par vos concitoyens. J’ai conscience aussi de la dimension, toute humaine, des incompréhensions passées et je me réjouis qu’il soit possible de réussir le dépassement de nos souffrances, dans le respect de la vérité, mais surtout dans la volonté d’approfondir ensemble le dialogue fraternel au sein même de la communauté nationale, elle aussi réconciliée, grâce à nous”.

le Populaire du centre.    [ RETOUR ]

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