Oradour Sur Glane – 10 juin 1944

Oradour-sur-Glane . Exposition :

Avec cette exposition «Mémoires d’enfants», le Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane poursuit son travail de recherche historique et pédagogique autour du drame du 10 juin 1944. Réalisée en étroite collaboration avec les familles d’Oradour dont l’Association nationale des familles des martyrs d’Oradour, elle retrace par une centaine d’objets et plus de 300 photographies l’univers des enfants et la vie du village du début des années vingt jusqu’au jour fatidique du 10 juin 1944.

Parmi les 642 victimes d’Oradour, 209 avaient moins de quatorze ans et 54 moins de 21 ans. une centaine venaient des hameaux environnants, dont ils constituent la plus lourde perte. C’est pour leur rendre un hommage que s’est constitué un groupe de travail en avril 2000. Lors de l’inauguration, la Directrice du centre Anne-Dominique Barrère dira l’importance de cette exposition «qui a permis d’ouvrir les portes mais aussi les coeurs avec des entretiens douloureux». C’est dans ces moments là que l’on mesure toute l’importance symbolique et affective dont sont chargés des objets qui sont souvent les dernières traces d’un passé et d’une histoire singulière et collective. C’est donc un véritable travail d’ethnologie sociale auquel se sont livrés les familles en ouvrant les portes du souvenir et de la mémoire. Un travail de deuil aussi avec cette «douleur silencieuse depuis 56 ans».

Dans l’organisation de l’exposition, les strates du passé où se mêlent l’enfance et la vie quotidienne du village ont pour fil conducteur le cahier d’écolier «qui s’est imposé de lui-même» selon la directrice du centre. Photographies de familles, de communiants, de baptêmes ou moment de la vie quotidienne d’un village rural, c’est toute une vie qui ressurgit sur les différents panneaux de l’exposition.

Les vitrines quant à elles présentent des objets-reliques pour les familles. Du plumier aux billes, en passant par le lance-pierre, les poupées, les cahiers d’écoliers annotés par les instituteurs ou les livres de classe, l’émotion est grande à la découverte de ces objets «à la fois témoins d’un drame terrible et d’une époque révolue». Exceptionnellement, le groupe de travail est le commissaire collectif de cette exposition hommage qui est ouverte jusqu’au 30 avril 2001. Sur un des panneaux, on peut lire les reflexions personnelles de Denise Bardet institutrice à Oradour en 1944, décédée le 10 juin 1944 le jour de son anniversaire et qui écrivait en 1941 : «Il ne faut pas confondre la barbarie nazie et l’Allemagne. Il faut lire Börne, Buchner, Heine en France pour distinguer entre l’Allemagne immortelle et ses maîtres d’un jour». Un monde à redécouvrir «pour que cela ne se perde pas».

Serge Hulpusch – l’Echo du Samedi 18 Novembre Octobre 2000

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