Oradour Sur Glane – 10 juin 1944

François Mitterand et Jacques Chirac, lors de leurs passages à Oradour, avaient laissé le souvenir de visites teintées d’une profonde émotion mais émaillées de nombreuses questions sur le détail historique de la tragédie du 10 juin 1944. Lionel Jospin, lui, a choisi hier après-midi de parcourir simplement les ruines du village martyr dans le silence et le recueillement.

Très attentif aux explications de Robert Hébras, l’un des survivants du drame qui lui servait de guide, le Premier ministre s’est laissé conduire tout d’abord vers l’église où l’attendait Mgr Dufour, l’évêque du diocèse.

Auparavant, il avait été accueilli par le maire Raymond Frugier et son conseil municipal au grand complet qui patientait depuis près d’une heure sous un soleil écrasant.

Silence recueilli

Accompagné seulement de deux membres du gouvernement, Catherine Tasca et Jean-Pierre Masseret, des parlementaires haut-viennois et des présidents Savy et Peyronnet, Lionel Jospin s’est contenté à plusieurs reprises d’indiquer à ses hôtes que cette visite faisait suite à celle qu’il avait effectuée tout jeune à Oradour, alors qu’il était en vacances : «Aujourd’hui, plus avancé dans l’âge, il m’a paru nécessaire en tant qu’homme mais aussi en tant que Premier ministre de porter témoignage et de rendre hommage aux victimes de cette page d’histoire…»

Peu après, au Centre de la Mémoire, guidé par Jean-Claude Peyronnet, le chef du gouvernement ne s’est pas départi davantage de son silence recueilli si ce n’est pour saluer l’initiative exemplaire de ce centre «qui aide à comprendre ce qui s’est passé, mais surtout ce qui l’a rendu possible». On retiendra de ces instants consacrés au souvenir et à l’histoire, marqués par ailleurs par un échange avec une délégation des familles des martyrs et par une prise d’arme, l’image du Premier ministre pliant sa haute stature pour écouter la minuscule Thérèse Menot lui expliquer, avec le pouvoir de conviction qu’on lui connait, quel tribut le département avait payé à l’horreur des camps de concentration. A tous ceux qui comme elle luttent contre l’oubli Lionel Jospin a pu également préciser que l’État engagerait dès à présent des études pour permettre de doter l’église du site d’une couverture afin d’en assurer la préservation.

Avant de quitter Oradour, le chef du gouvernement a sacrifié naturellement à la tradition de la signature du livre d’or. «En hommage respectueux. Signé Lionel Jospin» : telle sera la trace écrite de son passage dans la cité aux 642 victimes. Un paraphe à l’image de cette visite consacrée au souvenir, avant tout marquée par la sobriété.

Le Populaire du Centre du Mardi 10 juillet 2001

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