Venus de 23 pays différents, les congressistes du Mondial de la race Limousine n’en sont pas restés aux seuls rendez-vous relatifs à l’élevage bovin et à son berceau. Différentes visites culturelles étaient également à leur programme. Ainsi, la découverte du village martyr d’Oradour-sur-Glane, page ô combien douloureuse de l’histoire limousine, a-t-elle constitué une étape dans leur périple.
Ce sont donc près de 230 personnes qui ont été accueillies en fin d’après-midi par Raymond Frugier, maire d’Oradour et Claude Milord, président national des Familles de Martyrs d’Oradour-sur-Glane… Et comme l’exige, depuis 1949, la tradition, c’est dans le recueillement et sans discours de bienvenue qu’ils sont entrés, par petits groupes, dans cet incontournable lieu de mémoire.
Si, pour la plupart, le nom d’Oradour était inconnu, il n’en allait pas de même pour Dietmar Leuteritz ; non qu’il soit déjà venu en France…« Je viens d’Allemagne de l’Est, explique-t-il. D’un village près de la frontière avec la Pologne. On s’inquiétait de cela en RDA, avec le système socialiste qui était anti-nazi. C’est comme ça qu’on en a entendu parler… Nous, nous avons encore pire : les camps de concentration, comme Buchenwald. Le père de ma femme est mort à Stalingrad. »
Son épouse est là, mais nous ne lui parlerons pas : elle semble préférer le silence… Entre les ruines, les interprètes décrivent l’assassinat des villageois, en espagnol, en anglais, en allemand… « Les criminels ont-ils été jugés?», demande-t-on en anglais. Quand certains prennent des photos, d’autres écoutent la tête baissée, le visage témoignant de leur gorge serrée. «C’est très dur», dira plus loin Dietmar, très ému et très impressionné, préférant à son tour rester silencieux.
Comme c’est le cas pour tous ceux qui un jour passent la porte de ce village, les congressistes n’en seront pas repartis indemnes: «Remember» ; ils se souviendront. Une gageure contre l’oubli et pour l’avenir.
C.L. – Echo du Centre du Mercredi 30 Août 2000
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