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Cour d’appel

Le président Serge Bazot a fait durer le suspens, s’assurant de l’orthographe exacte du nom de Marcel Darthout avant de livrer le contenu de l’arrêt de la Cour d’appel de Limoges.

Les magistrats de la juridiction supérieure ont confirmé que Vincent Reynouard était bien coupable d’apologie de crimes de guerre par la réalisation et la diffusion d’une cassette vidéo destinée à étayer l’hypothèse émise dans ses livres selon laquelle les soldats de la Das Reich n’étaient pas les auteurs du massacre des 642 habitants d’Oradour-sur-Glane. En revanche, ils ont réformé le jugement de première instance, préférant condamner le révisionniste à 2 ans de prison, dont 6 mois ferme. Ils n’ont pas confirmé les 10.000 euros d’amende ni l’interdiction de séjour en Haute-Vienne durant 3 ans, mais ont ordonné la confiscation de la cassette vidéo qu’ils avaient visionnée durant l’audience d’appel. Ils ont ajouté 1000 euros au titre des frais de justice pour chacune des trois parties civiles, Marcel Darthout, l’un des deux rescapés encore vivants du massacre, la Licra (ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) et l’association Les Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation.

Marcel Darthout est sorti le visage rayonnant, affichant une satisfaction totale face à l’augmentation de la durée d’emprisonnement. Une décision qui tombait finalement plutôt bien, à la veille de l’anniversaire de la commémoration du massacre.

«Il est important qu’il ait été plus fermement condamné par la Cour» a précisé l’avocat des parties civiles, Me Philip Gaffet qui pense que cela «devrait servir de leçon à tous ceux qui voudraient remettre en cause l’histoire de manière aussi offensante».

En ce soixantième anniversaire du massacre, les témoignages des rescapés s’imposent bien plus fortement que les élucubrations de ce pseudo-historien. Mais Marcel Darthout aime surtout rappeler que dimanche soir, dans son discours, le chancelier Gerhard Schroeder a déclaré «c’est nous qui l’avons fait».«Il n’y a donc plus rien à dire, ce ne sont pas des Espagnols, mais des allemands, un point c’est tout!» a-t-il ajouté avant de conclure, «cette reconnaissance est essentielle, on n’allait tout de même pas attendre le centenaire du massacre pour qu’enfin Oradour soit dans l’Europe!»

Un bel exemple de pardon.

Jacques Grare l’Echo du Jeudi 10 Juin 2004

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