Située au coeur du pays de basse Marche, Droux n’est pas du genre à se vanter. Il faut y rester plusieurs heures, prendre le temps d’admirer les pierres, de découvrir les trésors cachés pour comprendre combien est riche l’histoire de cette commune. Proche des rois de France, le comte de Chamboran y possédait par exemple un magnifique château. Les écrits et les vestiges témoignent de l’immensité de cette bâtisse détruite par les révolutionnaires en 1792. De cet édifice, il ne reste que les douves, quelques pierres disséminées dans le village et l’église. Elle était attenante au château. Les poutres, la cheminée en pierre du presbytère, en apportent la preuve.
La patrie de Chamboran a dû attendre le XIXème siècle pour retrouver son prestige. La commune en effet était traversée par la route Napoléon III, devenue par la suite la 151 bis et plus connue aujourd’hui sous le nom de Route nationale 145, l’actuelle Centre-Europe-Atlantique. À l’époque où les chevaux n’étaient pas fiscaux, les voyageurs effectuaient une halte au «Petit Confolent». Lorsque le chemin de fer est arrivé, la commune s’est dotée, bien avant Bellac, d’une gare très importante par le passé. Fermée dans les années 60, et dépouillée de ses rails, vers les années 80, cette ligne aujourd’hui est fréquentée par les marcheurs. Elle occupe en effet une place prépondérante sur le «chemin des deux moulins».
un sentier original
L’idée de ce circuit est née il y a dix ans. Les locataires des gîtes ruraux, nombreux sur cette partie du département, les touristes qui passaient par l’Office de tourisme, demandaient où il était possible de marcher. Jean-Claude Fauvet, maire de Droux et ses adjoints se sont penchés sur le problème, essayant de voir à quels sentiers existants, relier l’ancienne voie ferrée.
Ils ont planché deux ans sur ce projet. Et c’est finalement en 1995 que le chemin des deux moulins s’est ouvert. Les employés municipaux ont mis du temps à nettoyer les dix kilomètres de voie communale. Sur certains tronçons, l’usage du bulldozer a même été nécessaire. Les résultats sont plutôt satisfaisants. Le chemin des deux moulins (il passe par celui du Pont et de Droux) est l’un des plus originaux du pays de la basse Marche. La commune n’a pas lésiné sur les moyens. Au moulin de Droux par exemple, elle a restauré la vieille passerelle en bois qui relie les deux rives de la Semme. Et trois fois par an, les employés municipaux surveillent la végétation.
Fréquenté également par les cavaliers, ce circuit l’est un peu moins par les vététistes. Mais ce n’est pas grave. Au pays des deux moulins, on peut se permettre de mouliner, et de flâner.
Jean-François Julien
La montagne Centre France du 05 janvier 2003