Alors que les discours de haine et d’intolérance sont de plus en plus courants, que des massacres se produisent quotidiennement en Algérie, en Yougoslavie, au Kosovo, en Tchétchénie, au Tibet… Je me remémore cette inscription contenue dans le livre d’or des visites du camp d’Auchwitz:
Pardonner peut-être, oublier jamais.
Début juin 1944, la 2ème division blindée SS “Das Reich” remonte de Montauban pour combattre sur le front de Normandie. Le 9 juin, un détachement assassine 99 otages par pendaison aux balcons de Tulle. Le 10 juin, le bourg d’Oradour sur Glane est rayé de la carte, il y eût 642 victimes, hommes, femmes et enfants.
Père deux fois, comment pourrais-je oublier ce pays qui s’est retrouvé brutalement sans enfants (tous ceux qui étaient à l’école communale furent brûlés dans l’église avec les femmes du bourg). Il n’est pas facile de décrire comment le souvenir de cette ville meurtrie s’est transmise au fil des générations, comment cette plaie est encore ouverte à tel point qu’on refuse d’immatriculer les voitures du département avec les lettres SS.
J’ai l’intention de donner ici les impressions que j’ai gardées des conversations avec mes parents et grands-parents et quelques cartes et commentaires de l’ ouvrage de Gérard Guicheteau: La “Das Reich” et le coeur de la France aux éditions Daniel & Cie L’écho du centre, collection archives de guerre. Du livre “Notre village assassiné” d’André Desourteaux et Robert Hébras (survivant et rescapé du massacre) aux éditions C.M.D..
Il y a eu, hélas beaucoup d’autres massacres depuis 1944, mais la proximité de celui-ci et le fait que deux générations de mes proches en aient été témoin font, pour moi, que l’impunité de ce crime est l’absurdité du siècle.
“Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre” Primo Levi