Première expérience interactive lancée auprès des scolaires de l’Académie de Limoges par le Centre de la Mémoire, l’exposition que l’on peut découvrir depuis hier dans ses locaux témoigne d’un véritable soucis pédagogique.
Un peu plus d’un millier d’élèves, encadrés par une vingtaine d’enseignants ont travaillé pendant une année scolaire sur le thème de «l’enfant dans la guerre». L’exposition riche et contrastée, mêle tous les supports pour témoigner d’une véritable réflexion chez les jeunes artistes. Une réflexion saluée par la Rectrice de l’Académie Liliane Kerjean : «Cette exposition par sa qualité et sa vitalité nous montre la lucidité des enfants sur le monde qui les entoure … La transmission de nos valeurs, de notre mémoire se fait au cours d’un cheminement quotidien, associer à l’histoire le développement artistique et culturel des élèves, cela représente une belle occasion de croiser les regards, de croiser les disciplines, de montrer par des moyens nouveaux, ce qui était hier strictement du domaine d’une seule discipline.» Une transversalité à laquelle tient la rectrice «Si la transmission quotidienne ne va pas de soi, c’est à l’éducation de prendre le relais, de créer une acuité de regard qui peut changer le monde.»
De son côté, le président du Conseil Général de la Haute-Vienne, Jean-Claude Peyronnet a salué le travail réalisé : «Cette exposition témoigne de l’universalité du message que délivre le Centre de la Mémoire. La variété des propositions, du collage à la peinture, en passant par la vidéo, nous montre toutes les réactions de la jeunesse face à la violence. Il s’agit d’un travail décisif pour l’apprentissage de la tolérance. D’un travail rassurant aussi puisque la fréquence des images de violence aurait pu nous laisser craindre une certaine banalisation.»
Au terme des discours officiels, les élèves ont reçu leurs prix. Le premier prix collectif a été remis à la classe de 3ème1 du Collège Darnet de Saint-Yrieix-la-Perche, pour un ensemble de huit installations. Pleines de révolte et d’un humour grinçant, comme le stand de «fête foraine» «visez l’enfant» elles représentent une vraie réussite.
En interrogeant le spectateur sur les atteintes aux droits de l’enfant, les élèves du collège ont réalisé un très beau travail tous comme ceux de première et de terminale, option arts plastiques, du lycée Eugène Jamot d’Aubusson ; avec une série de seize tableaux, comportant tous un cadre de bois, intégré différemment pour symboliser la violence. Le premier prix individuel a été remis à Laetitia Chevalier, élève de terminale au lycée d’Ussel, pour une sculpture montrant la fragilité de l’enfant.
Là encore le choix du jury était difficile puisque le travail de Joanne Grimonprez, élève de terminale au lycée Bernard de Ventadour était lui aussi extrêmement réussi. Même si tout le monde n’a pas été primé, on découvre au fil des oeuvres beaucoup d’inventivité, du CD Rom produit par le collège Léonard Limosin au diaporama réalisé par les élèves du lycée professionnel de Bellac, on se rend compte que les élèves ont «accroché» à un sujet qui les touche.
Une exposition à découvrir donc, puisque la mémoire reste une grille pour décrypter le présent. Quant à l’objectif du Centre de la Mémoire, il est atteint, puisque, avec ce concours, il témoigne de son ouverture sur le présent.
En permettant aux jeunes limousins, qui vivent dans un univers relativement protégé, dont la violence n’est certes pas totalement exclue, de découvrir des situations souvent très dures, il prouve toute la valeur de son témoignage et de son message …
B.C. Echo du Vendredi 4 mai 2001
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