Saint-Pardoux radioactif

C’est aujourd’hui qu’a eu lieu la réunion d’une commission, co-pilotée par le Conseil général et la préfecture, dans le but de trouver une solution aux problèmes posés par la présence de radioactivité dans les vases du lac de Saint-Pardoux. Une commission à laquelle ne se joindront pas les associations qui ont dénoncé la pollution et mis en cause tant les institutions que la COGEMA (voir notre édition du jeudi 22 octobre).

Dans un communiqué, le président du conseil général, Jean-Claude Peyronnet, se déclare “consterné par ce refus” et estime que la prise de position de la FLEPNa “comporte de nombreuses inexactitudes, la plus énorme étant l’accusation portée de noyautage pronucléaire” dans laquelle le président Peyronnet ne se reconnaît “évidemment pas”.

“Des intégristes de l’écologie”

Il rappelle d’ailleurs “que la CRIIRAD, par son laboratoire de Valence, a travaillé pour le Conseil général” et “qu’elle a accepté de continuer à le faire dans le cadre de la commission”. Jean-Claude Peyronnet n’hésite pas à qualifier la FLEPNa “d’intégristes de l’écologie” qui n’ont pas été les premiers à donner des informations claires et précises à la population à partir d’une véritable analyse scientifique. Il y a des élus aussi respectueux de la vérité et de la santé publique que certaines associations. D’ailleurs, le temps n’est pas à se demander qui a été le premier à dire ceci ou à faire cela, le temps, conclut le président , Peyronnet est à chercher collectivement des solutions”.

La COGEMA, fortement mise en cause, que ce soit par le Conseil général ou par les associations, a tenu à préciser sa position aux élus concernés. Elle précise qu'”elle ne se soustraira pas à ses devoirs, et que l’entreprise est prête à participer activement à une réflexion sur la radioactivité et sur le moyen d’améliorer rapidement cette situation, dont il a été souligné qu’elle ne présente cependant aucun risque sanitaire”.

L’un des points de contestation des associations concerne les expertises et les organismes de contrôle auxquels elles sont confiées. Un sujet sur lequel la COGEMA ne s’étend pas, précisant seulement qu’elle “effectue systématiquement des contrôles des rejets issus des anciens sites d’exploitation et des eaux des ruisseaux récepteurs, et les résultats en sont transmis aux autorités de contrôle.(…) Tous ces résultats sont parfaitement aux normes réglementaires.”

L’entreprise souligne que “la région est constituée d’un massif granitique naturellement riche en uranium(…), dans ce type de contexte géologique, les rivières transportent toujours un peu d’uranium”, autrement dit, un peu plus ou un peu moins, il n’y aurait pas de quoi s’affoler… la commission de demain (samedi 24 octobre 1998) permettra peut-être d’en savoir plus. La COGEMA a néanmoins déjà prévenu qu’elle ne ferait aucun compte-rendu à l’issue de la réunion.

Souhaitons qu’il en soit différemment côté Conseil général.

Nicolas Yardin,écho du centre du 23 octobre 1998.

Alors que “Charlie-Hebdo” circulait beaucoup sur les bureaux de l’assemblée régionale, les conseillers peaufinaient une motion d’urgence demandant l’intervention de Lionel Jospin afin “que soit assurée la transparence de l’information (…), que la COGEMA assume ses responsabilités en réhabilitant la priorité sur l’assainissement du lac de Saint-Pardoux(…), que la COGEMA abandonne son projet d’entreposage de 200.000 tonnes de sesquioxyde d’uranium appauvri à Bessines (…) et qu’une décision rapide soit prise pour résoudre ce problème”.
Cette motion a été adoptée à l’unanimité.

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