C’est le président du conseil général, Jean-Claude Peyronnet, qui ouvrait le feu, assumant “la responsabilité entière de ce dossier… J’espère que le groupe de travail mis en place à ma demande sera le médecin de famille du lac, précisant le diagnostic, fixant le pronostic et la durée que j’espère courte, du traitement. Le but étant de satisfaire à deux exigences: une, prioritaire, la santé publique qui ne semble pas inquiéter pour l’immédiat les scientifiques (mais quid de l’avenir?); l’autre, une urgence économique pour l’été prochain”. Et de résumer ainsi la situation “ou bien il n’y a pas de problème sanitaire dans l’immédiat et pas non plus dans l’avenir auquel cas la remise en eau doit être rapide, ou bien il n’y a pas de problème sanitaire dans l’immédiat, mais l’accumulation, au fil des décennies à venir peut présenter des risques. Dès lors la problématique est quelque peu différente: quels types de travaux sont nécessaires? Quelle est leur ampleur et subsidiairement qui les payent, le conseil général acceptant sûrement de faire l’avance mais en préservant ses intérêts pour l’avenir”.
Pas d’amalgame
Jean-Claude Peyronnet n’a pas voulu aller sur le terrain qui consiste à rouvrir le dossier de la remise en état des sites, “voire ce qui est tout à fait surprenant, le dossier du stockage”.
Une pierre dans le jardin du groupe communiste-ADS qui, par la motion d’urgence qu’il présentait, rappelait, entre autre, son opposition au stockage de 200000 tonnes d’uranium appauvri à Bessines, demandait la transparence par la convocation de la commission locale d’information.
Les élus socialistes faisaient alors bloc pour dire qu’ils ne voteraient pas ce texte et, malgré l’intervention de Marcel Rigout qui affirmait se trouver dans le “même esprit que celui qui anime le président: la transparence” et faisait référence à la motion du conseil régional, Jean-Claude Peyronnet ne cédait pas un pouce de terrain sur la question, déclarant même “ici, on n’est pas soumis à la pression des verts et je m’en félicite”.
Philippe Pauliat-Defaye pour l’opposition prônait le langage de la vérité “n’en disons pas trop pour ne pas affoler, ça, c’est le discours de l’industrie nucléaire et de la COGEMA, mais ce n’est pas un bon service à rendre à la Haute-Vienne et à la région… Il y a sûrement de la COGEMA dans ces boues et c’est une attitude singulièrement réductrice de ne parler que des boues. Ceux qui sont responsables, ce sont les politiques… Ne nous réfugions pas derrière des normes de scientifiques qui ne sont pas tout à fait indépendants.
Le serpent du lac
La motion du groupe communiste-ADS n’a pas survécu à la coupure de la séance entre midi et 14h30. Et c’est une motion présentée par le groupe socialiste “très édulcorée” selon Philippe Pauliat-Defaye qui s’est imposée “approuvant sans réserve les initiatives prises par son président de faire procéder par des laboratoires liés au CNRS à des analyses des eaux, sables, poissons et sédiments du lac de Saint-Pardoux, d’avoir opté pour la plus totale transparence…d’avoir demandé la mise en place d’un groupe de travail chargé d’analyser les résultats, considérant le poids économique que représente pour ce secteur l’activité touristique générée par le lac de Saint-Pardoux et exigeant que le groupe de travail conduise le plus rapidement possible ses travaux à leur terme avec comme objectifs la préservation de la santé publique, de l’environnement et de l’emploi”.
“Il n’y a aucune garantie sur le suivi, le problème de 1998 à Saint-Pardoux nous le retrouverons et nous verrons ce serpent du lac ressurgir”, fort de ces arguments Philippe Pauliat-Defaye annonçait l’abstention des élus de droite sur cette nouvelle mouture de la motion.
Jean-Claude Peyronnet précisait toutefois que la CRIIRAD était invitée à faire tous les prélèvements et analyses qu’elle souhaite.
Un dossier qui a bien failli diviser, tout le monde n’étant pas visiblement sur la même longueur d’onde et, plus surprenant, c’est l’opposition qui s’est payé le luxe de défendre la motion, façon première mouture.
écho du centre du 27 octobre 1998.
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