Saint-Pardoux radioactif

Plus de six ans après la promulgation de la loi française sur la gestion des déchets radioactifs, seuls, depuis 1995, cinq transports de déchets radioactifs ont été effectués depuis la France: trois à destination du Japon et deux vers l’Allemagne. Ces transports n’ont concernés que des déchets hautement radioactifs, vitrifiés et à vie longue, ainsi que ceux qui nécessitent quelques années de refroidissement.

Au total, 68 fûts vitrifiés sont repartis au Japon et 84 en Allemagne.

L’article 3 de la loi du 30 décembre 1991 impose en effet le retour dans leur pays d’origine des déchets nucléaires retraités en France. Il stipule que “le stockage en France de déchets radioactifs importés, même si leur traitement a été effectué sur le territoire national, est interdit au-delà des délais techniques imposés par le retraitement”.

Or six pays – Allemagne, Japon, Belgique, Suisse, Pays-Bas et Espagne – ont envoyé en France pour retraitement environ 8800 tonnes de combustible nucléaire irradié à l’usine de la Hague (Manche) ou à celle de Marcoule (Gard).

Selon un pointage réalisé en mars 1998, l’usine de La Hague a retraité 8760 tonnes de combustible étranger dont 3552 tonnes venant d’Allemagne, 2364 t du Japon, 592 t de Belgique, 361 t de Suisse et 226 t des Pays-Bas.

D’autre part, 1655 tonnes de combustibles irradiés espagnols de la centrale graphite-gaz de Vandellos ont été retraités entre 1975 et 1995 et leurs déchets sont stockés sur un site COGEMA à Marcoule, où ils ont été retraités.

Précisons que, une fois le combustible usé retraité, il reste 99% du poids initial des déchets, sous forme d’uranium (95%), de plutonium (1%) et de produits de fission et transuraniens (3%), 1% est dissipé en énergie.

Lors de la dernière réexpédition de déchets vers le Japon, en janvier 1998, un des responsables de Transnucléaire (filiale de COGEMA), Bernard Lenail, avait affirmé qu'”une dizaine de châteaux devaient désormais repartir pour le Japon chaque année”, comme le prévoient les contrats COGEMA et dix compagnies d’électricité japonaises. Pourtant, aucun autre retour n’a été réalisé depuis.

Chaque fois que la question est posée en France, les gouvernements successifs réaffirment avec constance que ces déchets vont bien rentrer chez eux. En 1991, Dominique Strauss-Khahn, alors ministre de l’industrie, déclarait devant l’Assemblée nationale que “tous les déchets seront très exactement réexpédiés dans leur pays d’origine”. Cela n’a pas été le cas.

écho du centre du 27 octobre 1998.
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