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Tribunal Correctionnel

Vincent Reynouard voulait un débat public, la justice lui a offert l’enceinte de son tribunal pour qu’il puisse exposer ses thèses sur la révision de l’histoire du massacre d’Oradour. Il a réalisé une vidéo de promotion sur son livrez «La tragédie d’Oradour-sur-Glane, 50 ans de mensonges officiels.», vidéo qui a été envoyée à quelques personnes ciblées en Haute-Vienne par Guy Dubois, un limougeaud de 70 ans qui partage les thèses révisionnistes de Reynouard. Une provocation qui a conduit au dépôt de la plainte débouchant sur ce procès. Pour pouvoir juger l’auteur de cette vidéo, le tribunal a été contraint d’évoquer certains passages du livre de Reynouard, dans lequel il ose prétendre que «les femmes et les enfants morts dans l’église d’Oradour le 10 juin 1944 n’ont pas été brûlés vifs par les Waffen SS». Pour cela, il reprend la chronologie des évènements de ce drame et suppute qu’il y avait un dépôt d’armes caché dans le clocher de l’église et «qu’en explosant, cette caisse d’armes a provoqué la panique parmi les troupes allemandes qui ont décidé d’ouvrir le feu, pensant qu’elles étaient attaquées par des maquisards». Face à lui, Marcel Darthout, survivant du massacre n’en croit pas ses oreilles. Avec l’émotion qu bord des lèvres, il rappelle que les SS «froidement, méthodiquement et calmement assassiné les habitants rassemblés dans les granges».

Pour Me Philip Gaffet, l’avocat des parties civiles (Licra, association des amis de la fondation pour la mémoire de la déportation et M. Darthout), «cette façon de présenter les faits est une provocation, mais elle entre parfaitement dans la répression de l’apologie des crimes de guerre». Et d’ajouter «en accréditant la thèse d’une attaque de maquisards, il cherche à minimiser la responsabilité des troupes SS, c’est en cela qu’il fait l’apologie du crime de guerre», avant de réclamer l’euro symbolique pour les parties civiles.

Le procureur de la république Olivier Tcherkessof s’est attaché à démontrer que les thèses du révisionniste ne reposent sur rien et qu’elles ne tiennent pas un instant face aux éléments objectifs relevés sur place et aux témoignages. Par ailleurs, il a rappelé aux prévenus que «la décision du tribunal de Bordeaux, condamnant certains des auteurs pour crime de guerre avait autorité de la chose jugée». Ainsi, il s’est donc reposé sur des éléments objectifs pour démontrer que l’infraction reprochée était bien constituée et que le tribunal ne pouvait avoir d’autre choix que celui de condamner V. Reynouard et son complice. Pour le premier, soulignant que la précédente condamnation par le tribunal de Caen avait eu peu d’effet, il a réclamé 4500 euros d’amende et 1 an de prison dont une partie ferme. Contre l’auteur des envois, il a réclamé 1500 euros d’amende.

Pour l’avocat de la défense, Me Eric Delcroix de Paris, il n’y a pas apologie de crime de guerre dans les écrits de son client… A la fin de son audition, Vincent Reynouard n’a pourtant pas hésité à faire cette déclaration insupportable en dédiant son livre «à tous les vaincus, Hitler, Goebels et Barbie compris»

Le tribunal rendra sa décision le 12 décembre prochain.

l’Echo du Mercredi 19 Novembre 2003

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