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ORADOUR-SUR-GLANE .

Cette phrase est de M. Philippe Dieudonné, tout nouveau sous-préfet de l’arrondissement, sur le livre d’or de la ville d’Oradour-sur-Glane. Sa première sortie «hors Rochechouart» était pour le village martyr dont l’histoire première s’arrêta en juin 1944 en un moment de barbarie dont on peut encore se demander si c’est bien des «hommes» qui l’exécutèrent.

Accueilli par M. Raymond Frugier, maire et M. Milord, président de l’association des familles de martyrs, c’est par l’église que la déambulation de la mémoire commençait. Ils succédaient à des Morbihannais qui se demandaient s’ils avaient bien tout lu. «C’est horrible, on a du mal à croire que ce sont des hommes qui ont fait cela.» Des Anglais les suivaient, le chapeau à la main, le regard vers ce ciel tombé sur les cadavres de femmes et d’enfants en ce lieu cultuel. Si l’on ne visite plus Oradour en noir, on n’en vient pas moins prendre une leçon d’histoire.

642 présences sont là, dans l’atmosphère, dans ce silence respecté et respectueux.

Explications au pas lent des détails horribles, moments d’explication des élus locaux sur le «froid terrible» né du procès de Bordeaux en 1953 et la relaxation des «Malgré Nous» avec renvoi de la Légion d’Honneur à L’Élysée pour ensuite s’enfoncer en le mémorial où la chaleur des criminels incendies ont laissé des traces palpables.

Puis c’était la direction du mémorial «local» avec dépôt de gerbe et émotion palpable de la part du représentant de l’Etat en faisant connaissance avec M. Hébras, l’un des deux derniers survivants du massacre historique.

Après avoir paraphé les livres d’or (mairie et association), M. Frugier soulignait: «Oradour n’est pas une cité comme les autres. C’est une cité qui a à dire, qui a à transmettre. Nous avons aussi un travail de rapprochement entre les peuples. Nous allons bientôt agrandir l’école, tout un symbole. La meilleure réponse dans un village que l’on avait voulu rayer de la carte.»

Le sous-préfet, toujours sous le coup de l’émotion : «Je m’étais projeté des images concernant Oradour. Cela les dépasse. Nous avons un devoir pédagogique. Il y a des valeurs qu’il faut faire perdurer.»

Par ce moment fort, en traversant un cimetière orné de noms, de photos, mais vide de corps, comme si le temps avait été gommé de cette terre profondément limousine, M. Dieudonné a palpé gradeur nature toute l’acuité du Limousin, de son Histoire, de ses hommes.

A. CLAVE l’Echo du Vendredi 5 Septembre 2003

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