Chabatz d'entrar

Voilâ bien 6 ou 7 ans que mon pôte Jacques m’a dit : pourquoi tu n’essayes pas de pêcher à la mouche, si tu veux, je te montre !”

Que n’avait-il pas dit là ! Le bienfait que ça procure, seul au milieu de l’eau, à regarder la mouche qui essaye de suivre le courant le plus naturellement possible.

Bien sûr, ça n’a pas été tout seul au début, j’ai pris bien plus de branches d’arbre que de poisson. Mais persévérence est payante, il faut bien 5 ans avant de faire à peu près tout ce qu’on veut, du revers au bras enroulé (celui-là j’avoue que j’ai encore du mal, surtout en revers). Mais le défit d’aller chercher le poisson là où on aurait pensé ne pas pouvoir le faire quelques années plus tôt : quel bonheur.

Même si le poisson reste dans l’eau (et de toute façon, il y retournera : no-kill oblige), rien que voir le remous sur la mouche est un plaisir impartageable !

Donc, le poisson ne distinguant que les contrastes et non pas les couleurs – vu en plus qu’il surveille le plus souvent la surface de l’eau à contre-jour -, pour le montage des mouches on s’attachera donc à privilégier la brillance des plumes, la forme et la taille afin de monter quelque chose qui ressemble à un insecte mort dérivant au fil de l’eau. Par contre la couleur elle, sera déterminante pour le pêcheur car selon les contres-jours et autres reflets sur l’eau, elle se verra plus ou moins bien, surtout si le pêcheur est un peu miraut comme moi 😉

Deux grandes classes :

  • les insectes aquatiques, qui pondent dans l’eau et dont les larves sont exclusivement aquatiques. (éphémères, perla maxima, phryganes, etc …)
    Araignée à ailes, certains la jugeront trop fournie, mais pour des plats elle flotte bien haut sur l’eau, on la voit parfaitement.
    Ephémère rouge, ne me demandez pas le nom savant. Ma fille en avait récupérée un exemplaire vivant flottant sur l’eau et j’en ai fait cette imitation. Elle est assez grosse (de la taille d’une mouche de mai) avec le corps rouge.
    (manque ici, une photo de sedge : imitation de phrygane)
    Grande phmre, dite “mouche de mai”
  • les insectes terrestres, qui achèvent bien malgré eux leur vie dans la rivière, rabattus par un coup de vent ou par quelque autre mésaventure. (mouches, moucherons, fourmis, sauterelle, etc …)
  • Le palmer “passe partout”, indispensable car c’est lui qui fonctionne quand on a tout essayé, je commence directement par lui s’il n’y a pas de vol d’insectes sur l’eau ni d’éclosion. C’est bien simple : il ne ressemble à rien, donc à tout. De diverse tailles plus ou moins fourni, avec ou sans queue, avec des plumes rousses, etc … Et le pire c’est que ça marche !
    La fourmi est indispensable, pas tant que ça fonctionne à coup sûr, mais si vous arrivez au bord de l’eau, qu’il y ait un envol nuptial de fourmis ailées et que vous n’en avez pas dans la boîte … vous pouvez remballer 🙁
    La sauterelle, bien que fragile, je l’utilise vivante (la pauvre), certains font de trs belles imitations (voir gobages.com).

Mon pôte Jacques hébergeant deux coqs de pêche dans sa basse-cour, il est pratique de monter de belles mouches avec leur plumes grises bien souples. Je ne soupçonnais même pas la renommée de ces coqs avant d’avoir lu l’article à leur sujet dans la revue fédérale donnée avec la carte de pêche 2005. Cliquez ICI pour voir l’article (pdf de 275Ko, il vous faudra acrobat reader pour le visualiser).

Une fois que la boite est suffisamment fournie en diverses tailles, variétés et couleurs, souvenez-vous que 80% du succès de votre pêche est du à une parfaite présentation du leurre au poisson. Pas de dragage (ou dérive), pas de floc sur l’eau avec la mouche ou avec la soie. Pas d’ombre portée sur le coup avec le soleil dans le dos. Marchez doucement sur le fond, le poisson est trs sensible aux vibrations et la vitesse du son dans l’eau est trois fois suprieure la vitesse du son dans l’air. Voilà, il ne vous reste plus qu’à trouver le poisson et vous verrez : ça fonctionne !

Le plus gros que mon pôte Jacques ait pris avec un palmer c’est une andouille de 60kg qui se tenait derrière lui, pas à l’abri du tout. Il m’a ferré dans la peau en dessous du menton, en fait ça ne fait pas mal du tout tellement ça rentre vite. Donc j’imagine que sur la machoire tout en cartilage d’une truite, ça doit faire encore moins mal.