Limousin

Agir pour sauver des vies

Créée en février 98, à Limoges, la Fondation Anne-Cellier oeuvre pour la sécurité routière et accueille en son sein des personnes touchées par le décès d’un de leur proche survenu lors d’accident de la route. Aujourd’hui, la fondation met sur pied un projet visant à proposer un chauffeur à la sortie des boîtes de nuit.

Au bout d’un an d’existence à Limoges, la fondation Anne-Cellier compte déjà une cinquantaine d’adhérents “il y avait un véritable besoin” souligne Dolorès Vergé une des adhérents actives de cette fondation. Tous ont en commun une de ces blessures de la vie qui ne se referment jamais: la perte d’un enfant, d’un mari, d’une femme, d’un proche… “On porte notre croix” explique Alain Tricard.

Pour autant, les réunions organisées mensuellement se veulent un cercle de chaleur. “On discute, c’est convivial, on est une grande famille et quand ça ne va pas on s’appelle. On ne fait jamais son deuil d’un enfant, mais l’énergie qui nous reste, on la partage” souligne Dolorès Vergé.

Mme Vergé est la mère du jeune motard Stéphane, qui comme elle dit “est parti” au Mas Loge. Elle n’a de cesse depuis d’oeuvrer pour la sécurité routière et de traquer les infrastructures mal adaptées. “Limiter la vitesse oui, mais ça ne suffit pas. Il faut commencer par éduquer nos enfants, leur dire que la route n’est pas un jeu mais qu’elle est au contraire dangereuse. Il faut leur apprendre le respect de l’autre, faire un travail sur la citoyenneté”.

Dolorès Vergé est une militante de la parole. “Il faut dire s’expliquer…” Elle qui a tant souffert et souffre encore du silence que lui a imposé la personne de l’autre véhicule en cause dans l’accident de son fils. Si elle venait me voir, si elle me parlait… J’aurais au moins un être humain en face de moi, quelqu’un à qui je pourrais parler. Maintenant c’est fait et on ne changera rien, elle a de toute façon sa part de responsabilité, mais je ne l’ai jamais vue. Et j’ai la haine. Si elle se manifestait, je crois que j’aurais un repos quelque part”.

Pour Alain Tricard, c’est un coup de fil en pleine nuit qui l’a prévenu que son fils Sébastien venait de se tuer en voiture. “Pendant 6 mois, j’ai refusé d’accepter cette idée et j’allais au cimetière tous les jours en me disant que ce n’était pas vrai, il n’est pas là. Le jour où j’ai réalisé que je ne le verrai plus, j’ai plongé, accumulant séjours sur séjours à Esquirol. J’en ai voulu à tout le monde et dans la fondation Anne Cellier, j’ai trouvé le réconfort. Depuis je suis impliqué à fond, on ne peut pas rester passif.

Un accueil approprié

Chaque nouvel adhérent est d’abord reçu chez Dolorès Vergé. “Une première rencontre à la maison avec deux ou trois personnes. Ainsi on fait connaissance petit à petit, ce qui évite, lors d’une futur réunion mensuelle, d’avoir à se présenter d’emblée tous”.

La Fondation Anne-Cellier se lance aujourd’hui dans un projet d’envergure. “Nous voulons en effet mettre à disposition des jeunes et moins jeunes, les week-end, des numéros de téléphone qu’ils pourront composer, à la sortie des boîtes de nuit, pour qu’on les reconduise chez eux. Nous allons demander aux responsables de ces établissements d’afficher ces numéros et nous ferons régulièrement une information. Nous démarrerons avec trois numéros de téléphone”. Un projet qui pour l’heure est à l’état d’élaboration, mais qui devrait voir le jour rapidement. Nous aurons bien sûr l’occasion d’en reparler.

CA Echo du centre du jeudi 21 janvier 1999.



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