Saint-Pardoux Radioactif – Déchets à Bessines

La COGEMA condamnée à Cherbourg

Pourquoi pas à Limoges?

A l’instar des militants de la région de La Hague, la Coordination Limousine Anti-Déchets Radioactifs pourrait très bien, en se portant partie civile, faire condamner la COGEMA pour l’ensemble de son “oeuvre” sur le département de la Haute-Vienne. C’est côté finances que la bât blesse.

Normes et exemples

Non, les activités de la COGEMA à Bessines ne sont pas dangereuses. Oui, l’entreprise se préoccupe de la santé publique. Pour preuve les chiffres avancés par la COGEMA dans le document de présentation édité à l’occasion du lancement de l’opération de stockage de l’uranium appauvri à Bessines. Nous avions donné ces chiffres dans notre édition relatant l’arrivée des premiers fûts, nous les republions aujourd’hui, avec de nouveaux exemples.

Le Millisivert (mSv) est l’unité qui exprime l’effet des rayonnements sur l’organisme. Les normes actuelles estiment qu’au-delà de 300 mSv, la composition sanguine est modifiée passagèrement et qu’au-delà de 15.000 mSv, la dose est mortelle. A partir de 1 mSv par an, uniquement en irradiation artificielle, on considère que le rayonnement peut entraîner des effets tardifs sur l’organisme. Les experts estiment qu’il faut une dose supérieure de 50 fois à1000 fois pour que des pathologies apparaissent.

  • Irradiation naturelle en France: 1 à 2 mSv

  • Irradiation artificielle en France: 1 à 2 mSv.

  • Au site d’entreposage de Bessines: 0,7 mSv.

  • Radiographie des poumons: 0,3 mSv.

  • Vol Paris – New York: 0,002 mSv.

  • Centrales nucléaires: 0,01 mSv.

  • Pourcentage du radon dans l’irradiation naturelle: 54%.

  • Pourcentage des centrales nucléaires dans l’irradiation artificielle: 10%.

  • Pourcentage des radiographies dans l’irradiation artificielle: 90%.

“La radioactivité artificielle est du même type et a les mêmes effets que la radioactivité naturelle” (Lettre de La Crouzille – COGEMA)

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Où il fait bon pêcher… et remettre à l’eau

Le 28 mai 1998 a été inauguré un plan d’eau de 2 hectares, d’une profondeur variant de 1 à 23 mètres et particulièrement destiné à la pêche à la mouche. Dans ce “trou”, auparavant mine d’uranium, 420 tonnes de minerai ont été extraites. Le site a été “mis en sécurité” selon les termes de la COGEMA. Pourtant, dans “La lettre de la Crouzille” (document édité par COGEMA), une insignifiante phrase, perdue dans le flot d’un catalogue dithyrambique concernant les monts et merveilles promises par le site, ne manque pas d’étonner: “le poisson péché est remis à l’eau immédiatement. Seule la joie du sport compte”. A moins qu’il ne s’agisse d’une précaution destinée à épargner au pêcheur une très radioactive indigestion…

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Il aura fallu du temps (quatre ans) et de l’argent (environ 100.000 F) à Didier Anger et son Comité de Réflexion et de Lutte Anti-Nucléaire (CRILAN) pour parvenir à leur fins: obtenir la mise en examen de la COGEMA pour stockage illégal de déchets nucléaires et, en corollaire, mise en danger de la vie d’autrui. L’histoire se passe à La Hague et le juge d’instruction est de Cherbourg, ville de transit et de déchargement pour les fûts.

Quand on habite la Haute-Vienne et qu’on apprend la nouvelle (tombée lundi soir de source AFP), on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec le lourd passé nucléaire de notre département : Saint-Sylvestre (Les Vieilles Sagnes), Margnac, Vénachat, Razès, Compreignac, Jouac, Le Puy de l’Age, Bessines, Saint-Pardoux… On pense donc aussitôt aux associations de défense de l’environnement qui ont souvent lutté contre la présence toute-puissante de la COGEMA et l’ont accusé d’un manque de transparence sur la réalité des dangers qu’impliquent ses activités. Ainsi, il faut savoir que les membres des la CLADE (Coordination Limousine Anti-Déchets Radioactifs) ont déjà déposé une quarantaine de plaintes contre COGEMA, dont une, le 12 novembre 1994, pour… “Mise en danger de la vie d’autrui”. Comme la plainte de Didier Anger, pratiquement à la même époque, la requête des militants de la CLADE a été classée sans suite. Le Procureur de la République avait “fait effectuer une enquête approfondie par la Section de Recherches de la Gendarmerie de Limoges, laquelle a fait appel aux scientifiques et techniciens chaque fois que cela s’avérait utile à leurs investigations”. En guise de réponse à la plainte, il concluait, le 8 février 1996, que le rapport qui lui avait été transmis ne permettait de relever “aucune infraction pénale”.

Coûteuse partie civile

La CLADE pourrait-elle revenir à la charge? “Oui et non, explique Thierry Lamireau. Les plaintes déposées ne peuvent l’être au nom de la CLADE, qui est une coordination d’associations. Par contre, l’une des associations ou l’un des membres de la CLADE peut déposer plainte, c’est ainsi que, jusqu’alors, nous avons procédé. Pour remettre la procédure à flots, il nous suffirait donc de déposer une nouvelle plainte et de se porter partie civile. Si nous ne nous portons pas partie civile, ce dossier sera automatiquement classé sans suite. Le problème est donc essentiellement d’ordre financier: pour se porter partie civile, il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Et nous n’en avons pas. On voit à quel point il est difficile de se battre contre une entreprise qui, elle, dépense 320.000 F par an pour éditer une simple lettre d’information trimestrielle!”

“Reste évidemment la possibilité de faire appel au peuple, avance Christian Pénicaud, mais l’idée ne nous plaît pas beaucoup. Quand la COGEMA veut, elle fait, et pour ce qui nous concerne, il faudrait encore aller demander de l’argent aux contribuables! Ceux-là même qui n’ont pas beaucoup profité de la présence de la COGEMA quand elle extrayait mais payent aujourd’hui le prix fort en voyant leurs habitations et leur environnement polluées de déchets…”

L’abandon du nucléaire

La CLADE peut-elle alors compter sur un appui politique? Pas si simple: “les Verts, par exemple, sont coincés. Ils sont au gouvernement et donc pour partie ligotés par le lobby nucléaire. Idem pour les Communistes qui se sont prononcés pour l’instant POUR le nucléaire et CONTRE les déchets. Ce qui n’est pas très cohérent. En fait, aujourd’hui, si nous souhaitions que les Verts et les Communistes nous donnent des signes forts de soutien, nous comptons davantage sur la prise de parti d’individus à l’influence notable. Il est rassurant et porteur de savoir que, par exemple, quelqu’un d’aussi respecté que Marcel Rigout est visiblement de notre côté ou que le président du Conseil régional Robert Savy se prononce également avec force contre l’idée d’une poubelle nucléaire.

On imagine la satisfaction de la CLADE de voir l’Allemagne de diriger fermement vers l’abandon du nucléaire et on imagine aussi son impatience de voir d’autres pays et là en premier lieu la France, lui emboîter le pas.

“C’est évidemment très positif, commente Thierry Lamireau. Sur ce plan, notre référence, c’est le physicien Roger Belbéocq du Groupement des Scientifiques pour une Information sur L’Energie Nucléaire (GSIEN). Il dit qu’il n’y a pas besoin de cinq ans (comme le suggère EDF) et encore moins de 50 ans (comme le disent les Verts) pour sortir du nucléaire. On peut tout arrêter dès aujourd’hui. Mais il dit également que ça ne résoudra pas tous les problèmes induits pas le nucléaire. Et notamment celui de la radioactivité et du stockage des déchets…”

Stéphane MARMAIN.

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MANIPULATIONS?

Certains crieront au parano, c’est sûr. Thierry Lamireau n’est en tout cas pas prêt de lâcher le morceau sur la présence de radon dans les maisons, et en premier lieu la sienne, au dessus de la mairie de Bessines, où il a vécu plusieurs années avec sa famille.

Les mesures ponctuelles effectuées par la CRIIRAD avaient révélées un taux de radon de 1.058 Becquerels et celles d’ALGADE (COGEMA) de 270 Becquerels. Bien naturellement, Thierry Lamireau s’était étonné de ce fossé. C’est donc sans véritable surprise qu’il a entendu dire que son appartement aurait été aéré par ALGADE avant que les mesures soient effectuées. L’entreprise aurait agi de même dans la tristement fameuse maison de Saint-Sylvestre où le taux semblait également bien au-dessus des normes.

“Il n’y a pas de mystère, explique Thierry Lamireau. Il n’y a pas non plus toujours que des coïncidences: ma femme s’est fait enlever le thyroïde et aujourd’hui, c’est ma fille qui a été traitée pour une tumeur bénigne…

L’histoire rappelle celle du lac de Saint-Pardoux.

Dans une lettre adressée à Dominique Voynet, en date du 6 novembre dernier, Thierry Lamireau constate que “l’OPRI, dans son dernier rapport sur les boues, a une fois de plus minimisé les risques en mentionnant que l’addition des activités de l’ensemble des radioactivités permet d’aboutir à une concentration maximum de 100 becquerels par gramme de matière sèche. Si on lit cette données comme elle aurait du l’être, c’est à dire en utilisant l’unité de mesure habituelle, cela donne 100.000 Becquerels par kilo. L’OPRI lui-même, estime à 10.000 Becquerels par kilo le seuil en dessous duquel on peut parler de “déchets faiblement radioactifs”…”

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IlS ONT DIT:

Marcel Rigout

Ancien Ministre, Vice-président du Conseil Général de la Haute-Vienne.

(Conclusion d’une tribune libre au nom du groupe communiste ADS dans “Haute-Vienne, le journal”, décembre 1998)

(…) “Attaché à l’indépendance énergétique de notre pays, je suis convaincu qu’il faut, à l’instar de nos voisins européens, choisir la voie de la précaution, de la désescalade et de la diversification, gages d’une plus grande sécurité. L’entreposage de plus de 200.000 tonnes de déchets d’uranium à Bessines est en cours, le risque existe même de voir demain COGEMA procéder au stockage de déchets beaucoup plus actifs et dangereux. Je tiens personnellement à rappeler mon opposition à ce projet dont les conséquences sont très négatives et je trouve inacceptable qu’après avoir subi les inconvénients de l’extraction, assez peu profité de la valeur ajoutée, on ait à subir le stockage des déchets en bout de chaîne. Abandonnons cette filière de tous les dangers avant que le prix à payer pour la facture du “tout nucléaire” ne soit trop lourd.

Robert Savy

Président du Conseil régional du Limousin

(Extrait de l’Edito de “La Lettre du Limousin” novembre 1998)

“La manière dont COGEMA a géré la fin de ses activités minières risque de donner l’image – fausse – d’une poubelle nucléaire (…) Il est encore temps de réagir. En prenant à Saint-Pardoux les mesures qui s’imposent et en obtenant de COGEMA qu’elle laisse ses fûts douteux sur le site où ils ont été produits. L’Etat a les moyens de l’exiger s’il le veut.”

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Cancer: Limousin numéro un

“Palmarès” de la mortalité par cancer par régions administratives (Credoc, Inserm magazine “Fondamental n° 70 décembre 1995):

1 – Limousin: 2.441 décès (963 femmes, 1.478 hommes), 3,395 décès par cancer pour 1.000 habitants.

2 – Auvergne: 3.835 décès (1.492 femmes, 2.333 hommes), 2,904 décès par cancer pour 1.000 habitants.

3 – Corse: 726 décès (286 femmes, 440 hommes), 2,889 décès par cancer pour 1.000 habitants.

Décès; nombre moyen de décès annuels par cancer de 1988 à 1990.

Articles d’un dossier de l’Echo du Centre, 1999

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