Le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane a récemment reçu, postée d’Anvers (Belgique), une cassette vidéo au titre explicite: «Oradour, 50 ans de mensonge». La même publicité a été expédiée, de Rilhac-Rancon (10 km nord-est de Limoges, NDWM), à M. Milord, président de l’association nationale des familles des martyrs du massacre d’Oradour-sur-Glane, au Maire de la commune et a deux rescapés du massacre. Une provocation qui a, on s’en doute, suscité un émoi considérable chez les résistants, au sein des familles ainsi que des associations qui les représentent. Une provocation qui démontre également à quelle sorte de «scientifique» on se trouve confronté…
Cet enregistrement est l’oeuvre de Vincent Reynouard, auteur de l’ouvrage révisionniste «le massacre d’Oradour, un demi-siècle de mise en scène». La thèse développée par l’auteur avait conduit le ministère de l’Intérieur à prendre un arrêté interdisant la circulation, la mise en vente et la distribution de cet ouvrage. De plus, les propos tenus dans un enregistrement constituent vraisemblablement un délit de contestation de crime contre l’humanité, tel qu’il est défini par la loi.
Rappelons, s’il en est besoin que le révisionnisme constitue non seulement la négation ou la contestation du sacrifice des victimes du nazisme, mais aussi la négation même des méthodes et des démarches de la science historique, en même temps que son plus haut degré d’instrumentalisation politique.
Le préfet de Région, préfet de la Haute-Vienne a donc adopté dans cette affaire une triple démarche; en saisissant le procureur de la République, afin qu’une action judiciaire soit engagée dans les meilleurs délais contre Vincent Reynouard; en prenant un arrêté d’interdiction de mise en vente et de circulation du document, pour risques de troubles à l’ordre public; en demandant enfin au ministère de l’Intérieur l’interdiction par arrêté de la mise à disposition du public de la cassette vidéo incriminée, sur l’ensemble du territoire national.
B.C., Echo du Samedi 10 Février 2001
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