Le 10 juillet 1874, le procureur du Roi, Rivaud, publiait une ordonnance de MM. les officiers de la maîtrise des eaux et forêts du Limousin, visant à limiter le nombre de chèvres.
“Dévastés par les abroutissements de ces bestiaux qui sont un véritable poison“, les cantons n’arrivaient plus à fournir assez de bois pour le chauffage et les constructions des seigneurs, bourgeois et propriétaires principaux.
A vis était donc fait à tous les participants, manants et habitants que désormais le nombre de chèvres serait limité à deux par bourg, une par village, et une par hameau d’au moins six feux.
En cas de désobéissance, dix livres d’amende étaient infligées, et si les gardes n’étaient pas assez nombreux pour agir, autorisation était donnée aux seigneurs, bourgeois et propriétaires principaux de dénoncer les tricheurs au premier notaire ou au serment royal.
Dix livres d’amende étaient aussi infligées si les chèvres paissaient dans le bois ou le long des haies, et toujours dix livres d’amende si le pâtre ne les tenait pas en laisse avec une corde.
Le 23 novembre 1790, le Conseil Départemental de la Creuse prenait une décision encore plus énergique:
“L’interdiction de l’élevage des chèvres“, “cet ennemi pestilentiel“(sic).
Tous les propriétaires laboureurs ou fermiers étaient autorisés à tuer celles qui “se trouveraient sur leur héritages”.
Et c’est ainsi que les haies vives subsistèrent, pour le chauffage de certains et pour la protection des cultures.
Mais comment firent les mères de famille paysannes pour nourrir leur petits-enfants, avec la suppression de ce lait de chèvre utilisé jusqu’alors en grande quantité, mystère?
écho du centre 14/02/1998