Saint-Pardoux Radioactif – 14/11/1998

Lettre ouverte de Jean-Claude Peyronnet, président du Conseil général à la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information, indépendante sur la radioactivité): “Cette fois j’ai compris! Et quelles que soient les explications embarrassées que vous me fournissez par ailleurs, je n’ai plus le moindre doute sur vos atermoiements à accepter l’expertise que je vous proposais sur Saint-Pardoux: ils étaient destinés à gagner du temps (…) En fait, vous n’êtes pas plus indépendants que ne l’est la COGEMA et vos deux intégrismes se nourrissent l’un l’autre. Comme elle, vous vivez du nucléaire et vous avez besoin de la presse pour faire votre publicité et vendre vos études.”

Pourquoi ce coup de sang du président Peyronnet?

L’explication tient en une invitation faite par la CRIIRAD. L’organisme indique que mercredi prochain (18 novembre 1998), il rendra publique le résultat des prélèvements effectués en septembre dernier en plusieurs secteurs de la division minière de La Crouzille. Le président du Conseil général mais également celui de la Région, les députés, conseillers régionaux et généraux ainsi que les maires et la presse y sont conviés. Dans l’après-midi, de surcroît, la CRIIRAD présentera au côtés de la CLADE (Coordination limousine anti-déchets radioactifs) les résultats des analyses effectuées… sur le lac de Saint-Pardoux.

On comprend mieux. Alors que la CRIIRAD avait refusé de participer à la réunion organisée il y a quelques temps par le président Peyronnet pour la recherche de solutions concernant la pollution du lac de Saint-Pardoux, elle tient, dans les locaux de la CLADE – dont on connaît la véhémence revendicative et la propension à pointer ce qu’elle appelle l’inconséquence des institutions – un point presse où elle promet de tout révéler ou presque. “J’ai une autre conception du bien public, assure Jean-Claude Peyronnet, celle d’une recherche de solutions plutôt que de tintamarre orchestré dans la presse. Que les associations jouent ce rôle est logique et c’est même leur raison sociale, mais que, sans autre précaution, la CRIIRAD organise elle même ce type de manifestation en dit long sur sa prétendue indépendance”.

Le seul intérêt scientifique?

“En fait, lâche le président Peyronnet à l’intention de la CRIIRAD, vous êtes en train de perdre toute la crédibilité que vous aviez acquise dans les années précédentes et que j’avais pu apprécier il y a quelques années lors d’une collaboration fructueuse avec votre ancienne présidente. J’ai bien peur que nos routes ne se séparent ici sur ce dossier. Je trouverais parfaitement malhonnête que le Conseil général puisse être soupçonné de financer votre déplacement en Haute-Vienne le 18 au motif d’une prétendue étude dont vous avez déjà établi les conclusions. Le Conseil général que je préside ne saurait être complice d’une telle manipulation”.

Le courroux du président du Conseil général n’est pas très étonnant. Et c’est le communiqué-invitation de la CLADE qui permet d’en comprendre tant l’intensité que la pertinence. La conférence de presse et l’invitation aux relevés “en direct” sur les sites susnommés ont en effet pour but de démontrer “avec le concours de la CRIIRAD, que le lac de Saint-Pardoux n’est hélas qu’un détail parmi les nombreux problèmes posés par un demi-siècle d’exploitation de l’Uranium et la reconversion des sites en poubelles radioactives. Un arbre qui cache la forêt.” Nul doute que les institutions, la COGEMA mais aussi et surtout la population de la Haute-Vienne et de Limousin prêteront particulièrement attention aux éléments d’information qui vont être donnés mercredi par la CRIIRAD.

La condition pour que ces résultats soient considérés et suivis d’actions, promptes à protéger les citoyens d’un éventuel danger, sera bien sûr que la CRIIRAD montre que ses études ne sont motivées que par le seul intérêt scientifique.

S. M., écho du centre du 14 novembre 1998

[ RETOUR ]