Le mémoire de l’Association pour la sauvegarde de la Gartempe, remis au commissaire enquêteur au moment de l’enquête publique relative à la demande d’autorisation de vidange du lac de Saint-Pardoux, contenait déjà, en juin 1998, tous les éléments permettant de deviner ce qui est maintenant avéré.
Le document produit par cette association de protection de la nature examinait en fait toutes les causes possibles de pollution, y compris la pollution d’origine radioactive. “Le rapport d’analyse des seuls deux échantillons de sédiments prélevés dans le plan d’eau (…) donne un certain nombre d’indications. Mais il montre l’abscence de recherche d’éléments radioactifs et des marqueurs des activités minières…”
En identifiant les sites miniers installés sur le bassin versant du Ritord et de la Couze, le mémoire demandait que l’on vérifie la présence de ces éléments radioactifs dans les sédiments et les vases du fond de la retenue, “qui sont les plus susceptibles d’être contaminés”.
La CRII-RAD, déjà
En février 1994, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRII-RAD), à la demande déjà du Conseil général de la Haute-Vienne et du Conseil régional du Limousin, avait compilé des analyses de radioactivité dans le premier volume des “Etudes radioécologiques sur la division minière de La Crouzille”. Les résultats de cette étude montrent qu’il y avait à l’époque, une augmentation de la contamination en certains radioéléments de la Gartempe. Cette contamination ne se justifiait que par un apport de la Couze, donc du lac de Saint-Pardoux.
Encore plus étonnant, les données recueillies lors de la vidange de 1987 donnaient, là encore, tous les indices indiquant une accumulation de radioéléments dans les sédiments du lac. L’étude d’impact préalable à la restauration de la Couze – dossier soumis à enquête publique entre le 1er et le 15 avril 1998 – faisait d’ailleurs référence à ces données.
“On remarquera, cite ce texte, l’augmentation très importante de la teneur en sulfate (…), sûrement en partie à cause des activités minières du bassin versant amont (…) On a vu plus haut que le Ritord est une source importante en sulfates.” C’est justement à l’endroit où ce ruisseau débouche dans le lac que se trouvent les plus fortes concentrations de radioéléments.
Au début des années 80, l’université de Tours avait réalisé une étude des sédiments de l’étang de La Crouzille, alors que les mines étaient en pleine activité. Les résultats avaient montré une concentration élevée en uranium et ses descendants. A l’époque, cela avait mis la puce à l’oreille de quelques-uns. Sans plus…
P.H., populaire du centre du 22 octobre 1998.
[ RETOUR ]