Saint-Pardoux radioactif

Les dirigeants locaux de COGEMA ou de ses filiales sont visiblement agacés. Ils en ont assez d’être montrés du doigt comme les principaux responsables de la pollution des boues du fond du lac de Saint-Pardoux. Hier matin, ils ont donc entrouvert leurs portes et montré à la presse locale comment sont traitées les eaux d’exhaure (*) de l’ancienne mine de Fanay, avant quelles soient rejetées dans le Ritord.

“Dans ce dossier, s’insurge Philippe Crochon, le chef de la division minière de La Crouzille, on n’arrête pas de parler des rejets de COGEMA. Eh bien! les voilà, et ils ne sont pas responsables de la radioactivité des boues accumulées au débouché du Ritord”.

Comme une station d’épuration

Selon les explications données par Sylvain Bernhard, chef du département radioprotection d’Algade, et Jacques Thiry, de service d’études de procédés et d’analyses (Sépa), les traitements infligés aux eaux en sortie de mine les débarrassent de la majorité de leurs résidus radioactifs.

Le système utilisé est le même que celui des stations d’épuration classiques, mis à part le fait que l’on utilise certains produits (le chlorure de baryum, par exemple) spécifiquement dédiés à la “capture” des éléments tels que le radium ou l’uranium. Et s’il reste quelques traces de composés radioactifs dans l’eau rejetée, elles ne sont, selon COGEMA, pas suffisantes pour être à l’origine des teneurs observées dans les boues situées au débouché du Ritord dans le lac.

Toujours selon COGEMA, ce serait un phénomène relativement simple d’oxydation-réduction – les lycéen de terminale scientifique connaissent bien le sujet – entre les boues organiques du lac et l’uranium, naturellement charrié par le Ritord, qui aurait produit cette accumulation de radioéléments à cet endroit précis.

Philippe Crochon a d’ailleurs un argument pour confirmer ses dires. Le lit de la Couze n’a pas la même composition géologique que celui du Ritord. Ce dernier est situé sur un granit très uranifère. Les valeurs relevées au débouché de la Couze sont nettement inférieurs à celles relevées au débouché du Ritord”.

COGEMA se dit en tout cas respectueuse de tous les règlements en vigueur, qu’ils soient européens, nationaux ou découlant d’arrêtés préfectoraux. Nous envoyons trimestriellement nos résultats aux administrations, souligne Philippe Crochon. De leur côté, la DDASS et la DRIRE [deux services techniques dépendants de l’état, NDLR] font des contrôles, souvent en nous prévenant à posteriori”. Sous-entendu, “tout le monde est courant”.

Si COGEMA cherchait à prendre les devant et à se blanchir à priori, elle ne s’y prendrait pas autrement. Elle se défend pourtant ardemment d’avoir de telles arrières-pensées…

(*) L’exhaure est le pompage des eaux de la mine pour les rejeter à l’extérieur.[retour]

P.H., populaire du centre du 29 octobre 1998.
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