Saint-Pardoux Radioactif – Déchets à Bessines

Radon: “l’Etat est coupable de négligence criminelle”

Les antinucléaires s’insurgent contre les décisions de l’Etat français concernant le danger radon. Ils estiment que la France comme l’Europe se lavent les mains, en faisant de ce qui aurait du être une loi stricte une recommandation évasive.

Les propos des antinucléaires sont-ils excessifs et les recommandations françaises et européennes suffisantes? Difficile, dans le dossier radon, d’y voir vraiment clair. C’est sans doute, d’ailleurs, de ce trouble, que naissent les plus vives inquiétudes.

Depuis combien de temps savait-on que l’amiante était une matière dangereuse et hautement cancérigène? Depuis au moins quinze ans, avant qu’on ne se décide à agir pour protéger les populations. Depuis combien de temps sait-on que la laine de verre n’est pas un isolant irréprochable, sanitairement parlant? Depuis longtemps, mais on commence juste à en parler. Quelle négligences encore ont conduit au scandale du sang contaminé? Des négligences médicales? Ministérielle? Le procès en cours tentera de le définir, mais quoi qu’il en soit, au final, le simple citoyen, victime en puissance, a de plus en plus de mal à accepter l’aveu d’ignorance comme seule justification de ces gâchis d’existences. Surtout si, de surcroît, on lui avance des critères économiques pour expliquer le choix de n’avoir rien fait.

Recommandations françaises et européennes

Le dossier radon, qui s’épaissit au fil des ans, des recours en justice et des débats qui agitent notamment les associations et édiles du Limousin, est peut-être une bombe à retardement. Comme souvent dans ce type de dossier, personne n’est d’accord sur rien, à commencer par les scientifiques.

Prenons les “recommandations de la commission des communautés européennes relative à la protection de la population contre les dangers résultant de l’exposition au radon à l’intérieur des bâtiments”. Un texte établi après consultation d’un groupe d’experts qui préconise que “des mesures simples et efficaces d’abaissement du niveau de radon” soient envisagées sans une habitation où la dose dépasse les 400 becquerels par mètre cube”. Un texte qui indique enfin que pour les constructions neuves, le seuil doit être fixé non à 400 bq/m3 mais à 200 bq/m3.

Prenons un second texte, émanant cette fois, de l’Etat français et présenté il y a quelques jours par Louis Besson et Bernard Kouchner. Les recommandations sont strictement les mêmes que celles de l’Europe: en dessous de 400 bq/m3, on ne fait rien, entre 400 et 1000, “il est souhaitable d’entreprendre des actions correctrices” et au-dessus de 1000 bq/m3, des actions “doivent impérativement être conduites”. Pour les constructions neuves, le seuil est également fixé à 200 bq/m3, “pour tenir compte des phénomènes de vieillissement”. Première réflexion: quels sont donc ces phénomènes de vieillissement? Est-ce admettre officiellement que de 200 bq/m3 une maison peut aisément passer à 400… en vieillissant? Et dans le cas contraire, que penser de la différence faite entre les vieilles maisons et les neuves?

“L’Etat français a accepté 100.000 morts”

Si l’on en croit Roger Belbéoch, physicien au Groupement des scientifiques pour une information sur l’énergie nucléaire (GSIEN) : “accepter la limite de 1.000 bq/m3 revient, en adoptant les risques établis par le CIPR (10 bq/m3 seraient responsables de 10% des cancers du poumon), à accepter un doublement du risque de ce cancer. En ce qui concerne les bâtiments publics, la responsabilité des gestionnaires est entière. Le respect des normes n’est pas une garantie de protection des individus. La fixation d’une limite de dose acceptable implique que l’on considère comme acceptable un certain nombre de morts.

La Coordination Limousine Anti Déchets Radioactifs (CLADE) emboîte le pas du physicien et va même plus loin: “Puisque l’Etat a accepté le problème du radon sans chercher à le résoudre en dessous de 400 bq/m3, alors que le danger existe à partir de 10 à 20 bq/m3, il est clair que ce même Etat doit être désigné comme responsable, si l’on fait un bref calcul depuis 12 ans (date à laquelle l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer a classé le radon comme substance cancérigène) de quelques 100.000 morts.”

Aussi, faisant fi des recommandations européennes et françaises, la CLADE poursuit le combat, sûre que l’on minimise un danger de grande ampleur. Certains diront bien sûr que la antinucléaires agissent de la sorte pour que l’on parle d’eux, pour passer à la télé, par démagogie et esprit de contradiction. Ce qui est peut-être vrai. Peut-être. Mais le vrai danger est toujours le même, c’est celui que nous souffle une petite voix intérieure, une voix de déjà-entendu qu’il ne faudra sans doute pas toujours réprimer d’une tranquillisante boule kies: “Et s’ils avaient raison?”

Stéphane MARMAIN, écho du centre du lundi 15 février 1999.
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Quatre écoles limougeaudes seraient dangereuses

Peut-on accepter le droit que s’arroge Roger Belbéoch (voir ci-dessus) de jeter l’anathème sur les édiles qui ne se satisferaient pas des normes qu’on leur indique : un maire n’est pas forcément un scientifique éminent, apte à juger par lui-même du bien-fondé des recommandations établies par un groupe d’experts européens.

Ainsi, si l’on prend l’exemple de Limoges, par exemple, on pourra difficilement reprocher à la municipalité d’avoir manqué de clairvoyance dans le dossier radon : dès que l’école des Homérides a été pointée comme dangereuse, elle a été fermée et les mesures d'”aération” ont été prises pour l’assainir. Une décision tac-au-tac qui a même valu à Limoges d’être cité en exemple et qui a conduit les écologistes du conseil municipal à dire chapeau bas au premier magistrat. Pourtant, la CLADE n’en démord pas: “il reste au moins quatre écoles à Limoges qui sont dangereuses car assises sur un niveau de radon dépassant les 400 bq/m3 : la maternelle Blanchot, la maternelle de Romanet, l’élémentaire de la Bastide et l’élémentaire Herriot-Nord.” Selon les normes françaises et européennes, ces écoles nécessitent une attention soutenue et quelques mesures simples mas pas de “déménagement” comme on a pu le voir aux Homérides.

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